(Extraits de "En Avesnois... ...au fil des saisons" de Robert LECLERCQ.

Champ de blé



La Moisson...

En ce temps Là!!



             Le mois d'août est chez nous une période très active pour les ruraux ou, comme dit la chanson :

Epis de blé

             Je me souviens parfaitement de ces "bandes joyeuses" qui s'en allaient aux champs vers 1925, dès que le soleil avait dissipé la rosée.

Moissonneuse-lieuse
(Une des premières moissonneuse-lieuse employée chez nous)

             Les petites parcelles de blé ou d'avoine, encore très nombreuses, étaient alors coupées manuellement.En Avesnois, l'usage de la moissonneuse-lieuse mécanique vint assez tard chez les petits exploitants, n'étant rentable que pour les grandes surfaces de céréales.

Moissonneuse-lieuse
(Moissonneuse-lieuse tirée par trois
chevaux vers 1925 à Beaufort)


La main de l'expert


                                       Dès la fin juillet, les cultivateurs
                          surveillaient leurs champs.
                          Quand les épis jaunissants ne gardaient
                          plus qu'un soupçon de vert et que les
                          grains roulés entre les paumes paraissaient
                          suffisamment durs, la coupe était déçidée.


             Les hommes, armés de "sapes"(les piquets), courtes faux à manche arqué, abattaient les chaumes et formaient des javelles en s'aidant d'un crochet. Parfois cette besogne se faisait à la "faux-armée", munie d'une sorte de râteau à longues dents, ajustée sur le manche. Les javelles ("gaviaux") s'alignaient à la droite des moissonneurs. Les femmes et jeunes filles les rassemblaient par quatre ou cinq pour former une gerbe (el'"botte"). Cette dernière était ligaturée par un "louyen" de paille longue, souvent de seigle, qu'un noeud adroit maintenait.

Chariot
(Un gros chariot demande la traction de 4 forts chevaux)

             Au fur et à mesure, une autre équipe "plantait" les "monts" c'est à dire les moyettes de gerbes. Six à huit de ces dernières étaient dréssées l'une contre l'autre, les "pieds" écartés et les épis au-dessus. Une ou deux bottes liées près de la base étaient retounées et déployées sur l'ensemble pour former le "caperon" sur lequel la pluie glisserait. C'était tout un art de bien "planter" afin que les "monts" résistent aux bourrasques possibles. Trois semaines après environ, pendant lesquelles le grain finissait de mûrir, on rentrait la céréale pour l'engranger. Le battage viendrait plus tard souvent fin septembre, début octobre.


"ON VA ALLER MUCHNER"... !
(glaner)

             Pour quelques habitués de nos villages (et j'en étais avec grand-mère ) c'était, dès que les champs étaient débarrassés de leurs gerbes, le temps d'aller "muchner" ! Nous surveillions le passage des lourdes voitures tirées par des chevaux suants, afin d'être si possible les premiers sur les chaumes.
             Levés de bon matin, nous allions ramasser un à un les épis oubliés que nous étions heureux de ramener le soir à la maison. Mes reins et mon dos étaient douloureux le lendemain, mais cette récolte était si agréable, agrémentée d'un petit repas champêtre à l'ombre d'une haie.

Les glaneuses de Millet

             Plus tard, les moissonneuses-lieuses raccourcirent le temps de la moisson et la peine des cultivateurs mais firent diminuer la richesse de nos glanes. De nos jours, les moissonneuses-batteuses ont fait disparaître "glaneurs et glaneuses" ! Millet ne peindrait plus sa merveilleuse toile. Dirai-je que nous n'attendions pas septembre pour battre notre gerbe ? Cette opération se faisait dans un sac de jute sur lequel nous frappions de grands coups de bâton. Les poules se chargeaient de vanner le grain.             

Locomotive
Une "locomotive" (qui allait de ferme en ferme actionner les moissonneuses)


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